QUEL AMOUR !

Lisez Matthieu 16;27-28 ; Luc 23;39-43.

La confession de Pierre: « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Matthieu 16;16), est la foi chrétienne. Bientôt la foi fera place à la vue: nous verrons le Fils tel qu'Il est; mais dès à présent, il s'agit de savoir ce qu'est le Fils de Dieu pour le Père. Le besoin de Le voir face à face, besoin de l'âme que fait naître la foi, sera pleinement satisfaite quand la volonté exprimée à ce sujet par le Fils au Père aura reçu son accomplissement : «Père je veux, quant à ceux que tu m'as donnés, que là où moi je suis, ils y soient aussi avec moi, afin qu'ils voient ma gloire, que tu m'as donnée; car tu m'as aimé avant la fondation du monde» (Jean 17;24). Combien cela est précieux pour le cœur ! Chose plus précieuse encore, c'est que le cœur de Christ y tient: « Je vous reverrai », a-t-Il dit en quittant ses disciples; « et votre cœur se réjouira » (Jean 16;22). Il veut que sa propre joie demeure en nous (Jean 15;11). Le voir tel qu'Il est, c'est une grâce qui convient à son amour infini manifesté en ce qu'Il est devenu obéissant jusqu'à la mort, et à la mort de la croix. Quelle grâce inexprimable que nous voyions Celui qui a tout souffert pour l'amour de nous, Jésus, notre Sauveur, né à Bethléhem dans une étable, homme de douleur sur la terre, victime pour le péché en Golgotha! Et quelle joie sera la nôtre quand nous le verrons dans toute sa gloire de fils unique et éternel de Dieu, dans la possession et la jouissance absolues de ses droits qui sont une expression de l'amour du Père pour Lui !

Lorsqu'Il était sur la terre méprisé et rejeté par les hommes, Dieu fit entendre qu'Il trouva tout son plaisir en Lui. Et la gloire que nous verrons en Lui sera l'effet de ce parfait, de cet éternel amour. Quel repos pour un cœur ranimé et dirigé par le Saint Esprit qui le remplit ! Et l'Esprit nous a été donné pour prendre des choses de Jésus, et nous les annoncer. Quelle force la perspective de le voir, ne donne-t-elle pas pour aimer et servir le Seigneur, en Le suivant dans son chemin de réjection, de mépris et de souffrance parmi les hommes !

Nous sommes parfois découragés en voyant le peu de fruit de notre travail dans le Seigneur. Ayons un peu de patience ; il vaut certes bien la peine d'attendre. Outre la bénédiction par excellence mentionnée au verset 24 de Jean 17, nous lisons ailleurs : «Car le fils de l'homme viendra dans la gloire de son Père, avec ses anges, et alors Il rendra à chacun selon sa conduite. » Et comme si le Seigneur voulait le faire mieux comprendre à ses disciples attristés par la perspective de sa mort prochaine, Il ajoute: «En vérité, je vous dis : Il y en a quelques-uns de ceux qui sont ici présents, qui ne goûteront point la mort jusqu'à ce qu'ils aient vu le fils de l'homme venant dans son royaume » (Matthieu 16;27-28). Cette dernière promesse ne tarda pas à se réaliser pour les trois témoins de sa transfiguration. Car «après six jours, Jésus prend avec lui Pierre, Jacques, et Jean son frère, et les mène à l'écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux ; et son visage resplendit comme le soleil et ses vêtements devinrent blancs comme la lumière. Et voici, Moïse et Élie leur apparurent, parlant avec lui. Et Pierre, répondant, dit à Jésus: Seigneur, il est bon que nous soyons ici; si tu le veux, faisons ici trois tentes: une pour toi, et une pour Moïse, et une pour Élie. Comme il parlait encore, voici, une nuée lumineuse les couvrit ; et voici une voix de la nuée, disant: Celui-ci est mon fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé mon plaisir; écoutez-le. Ce que les disciples ayant entendu, ils tombèrent le visage contre terre et furent saisis d'une très grande peur. Et Jésus, s'approchant, les toucha, et dit: Levez-vous, et n'ayez point de peur. Et eux, levant leurs yeux, ne virent personne que Jésus seul » (Matthieu 17;1-8); En rappe1ant cette scène glorieuse dans sa deuxième épître, Pierre dit : « Ce n'est pas en suivant des fables ingénieusement imaginées, que nous vous avons fait connaître la puissance et la venue de notre Seigneur Jésus Christ, mais comme ayant été témoins oculaires de sa majesté. Car il reçut de Dieu le Père honneur et gloire, lorsqu'une telle voix lui fut adressée par la gloire magnifique :«Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé mon plaisir. Et nous, nous entendîmes cette voix venue du ciel, étant avec lui sur la sainte montagne» (2 Pierre 1;16-18.) C'est Lui, ainsi reconnu du Père, qui rendra à chacun selon sa conduite, Sa parole : «Entre dans la joie de ton Seigneur »; sera pour chacun de ses serviteurs l'introduction dans une communion ininterrompue, éternelle avec Lui. Quelle récompense accordée à « celui qui aura été fidèle en peu de chose», mais tellement fidèle pendant le temps de son absence et de sa réjection. La certitude que le Seigneur connaît tout ce qui est fait pour Lui suffit, pour le présent, au cœur qui aime Christ (Matthieu 25;21-23 ; Apocalypse 3;15).

Le premier besoin d'un cœur fidèle est de voir son Seigneur glorifié en Dieu lui-même, Lui qui, par la grâce de Dieu, a goûté la mort pour tous, et qui, n'ayant point. à regarder comme un objet à ravir d'être égal à Dieu, puisqu'Il était « Dieu sur toutes choses béni éternellement », s'est néanmoins anéanti lui-même, prenant La forme d'esclave en étant fait à la ressemblance des hommes. Il ne s'est pas arrêté là, mais, étant trouvé en figure comme un homme, « Il s'est abaissé lui-même, étant devenu obéissant jusqu'à la mort, et à la mort de la croix » (Romains 9;5; Philippiens 2;6-8 ; Hébreux 2;9.) La gloire était de toute manière son droit comme Il l'a dit: « Maintenant le fils de l'homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera en lui-même ; et incontinent, il le glorifiera » (Jean 13;31-32.) Aussi lisons-nous en Philippiens 2;9-11 : « C'est pourquoi aussi Dieu l'a haut élevé et lui a donné un nom au-dessus de tout nom afin qu'au nom de Jésus, se ploient tous genoux des êtres célestes, et terrestres, et infernaux, et que toute langue confesse que Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père. » C'est alors que les rachetés se réjouiront; la coupe du fidèle sera pleine, il ne manquera rien à son bonheur.

Est-ce là le désir d'une âme nouvellement amenée à Dieu ? L'un des malfaiteurs qui étaient pendus sur la croix l'injuriait, disant:«N'es-tu pas le Christ, toi ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi. Mais l'autre, répondant, le reprit, disant: Et tu ne crains pas Dieu, toi, car tu es sous le même jugement ? Et pour nous, nous y sommes justement ; car nous recevons ce que méritent les choses que nous avons commises; mais celui-ci n'a rien fait qui ne se dût faire. Et il disait à Jésus: Souviens-toi de moi, Seigneur, quand tu viendras dans ton royaume. Et Jésus lui dit: En vérité, je te le dis: Aujourd'hui, tu seras avec moi dans le paradis» (Luc 23;39-43). Notez que le brigand disait à Jésus : Souviens-toi de moi, Seigneur, quand tu viendras dans ton royaume. Cet homme avait si mal vécu que son nom était déjà une exécration; où donc, dans tout Jérusalem, aurait-il trouvé un cœur pour se souvenir de lui ? Tous étaient heureux de se débarrasser de lui pour toujours. O amour insondable de Dieu et de Christ! L'Oint de Dieu, le grand Roi d'Israël, Emmanuel, celui qui devait être appelé: «Merveilleux, Conseiller, Dieu fort, Père du siècle, Prince de paix » (Ésaïe 9;6.) C'est Lui qui est là sous «le même jugement», de la part de Dieu; et le brigand est avec lui à cause de ses crimes! Mais le brigand qui est sans ressource, manifesté aux yeux de l'univers, malédiction de Dieu, et comme tel, perdu, loin de Dieu, trouve le repos de son cœur en Christ. Il s'en allait pour l'éternité dans le lieu des pleurs et des grincements de dents, le lieu où la fumée du tourment des réprouvés de Dieu monte aux siècles des siècles, et, en route, il trouve son Sauveur qui l'amène avec lui dans le paradis de Dieu.

En présence d'un tel amour, découvert, connu, goûté dans ses effets merveilleux dans un moment où toutes les vagues et tous les flots de la colère de Dieu contre le péché passent sur l'âme du Saint et du Juste, un brigand, supplicié, et nul autre que lui, pense au « royaume!» Non, ce n'est pas une téméraire hardiesse de sa part de demander au Fils de Dieu de se souvenir de lui quand Il viendra dans son royaume, mais bien plutôt l'intelligence remarquable et la liberté sans réserve d'un pécheur dans sa détresse, s'appropriant l'amour du Christ, qui s'est abaissé de la gloire divine aux suprêmes douleurs, à la mort de la croix, pour venir le chercher et le sauver; l'effet dans son âme de cet amour parfait est qu'il bannit toute crainte. Le contraste complet entre Celui qui n'avait rien fait qui ne se dût faire, et le malfaiteur qui se mourait sous la malédiction du juste jugement, parlait de soi; le brigand ne pouvait que dire : Il s'est livré lui-même pour moi, aussi scélérat que je suis; et puisqu'Il est Lui le Saint, le Juste, le Fils de Dieu, je puis tout attendre de ce cœur, même qu'il se souvienne de moi «quand il viendra dans son royaume.» Fut-il confus dans sa demande ? Absolument pas; Jésus lui dit: « En vérité; je te dis : « AUJOURD'HUI, TU SERAS AVEC MOI DANS LE PARADIS. » Que notre Dieu nous donne quelque chose du cœur du brigand, le seul qui se soit montré dans ce moment suprême, en faveur de Christ.

Devant le sanhédrin, nulle bouche ne s'ouvre en sa faveur. Quand l'heure est venue où toute la haine des hommes et la rage des démons se donnent libre cours contre lui, que la face de son Dieu lui est voilée, que l'intensité d'une détresse, qui n'eut et n'aura plus jamais de pareille arrache le cri: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? La foi du brigand perce toute cette effroyable obscurité, et contemple en Jésus crucifié l'Oint de Dieu, le Seigneur, qui viendra dans son royaume. Il le con fesse comme tel, désirant que, dans le jour de la manifestation de sa parfaite gloire, Il se souvienne de lui.

Reconnaître Jésus comme Seigneur, c'est accepter son absolue autorité sur moi, son droit de disposer de moi selon qu'il le trouvera bon.

Puissions-nous, vous et moi, ami lecteur, être trouvés de ceux qui confessent son nom fidèlement et qui gardent la parole de sa patience jusqu'à ce qu'Il vienne !

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