DANS LE PARADIS

Quelle réponse que celle donnée par le Sauveur à la prière du brigand repentant, dépassant infiniment toutes ses espérances, tout ce qui aurait pu jamais entrer dans son cœur : « En vérité, je te dis: Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis » (Luc 23;43).

C'était bien le Roi qui était là à côté de lui, attaché à une croix, et le brigand ne pensait qu'au royaume qui devait être établi sur la terre ; toutes les espérances de sa nation se concentraient là. Les écritures lues dans les synagogues et rapportées plus ou moins fidèlement, de bouche en bouche, ne disaient guère autre chose. Qui aurait pu penser au « paradis? » Ah, c'est que lorsqu'il s'agit du salut dans tout son étendue, il faut penser à Dieu et non plus aux hommes. Le Sauveur était venu pour faire connaître Dieu.

N'était-Il pas venu Lui, le Fils de Dieu, dans le monde, pour chercher et sauver ce qui était perdu ? Pour chercher comme aucun autre que Lui ne le pourrait, non seulement dans les demeures misérables des pauvres sur la terre, mais là où le péché et le jugement avaient conduit un criminel pour lequel il n'y avait pas d'espoir. Il devait expier ses crimes par la mort, et le Seigneur n'empêche pas l'exécution du jugement. Mais du moment que la loi était satisfaite par la mort du coupable, Il intervient en Sauveur divin pour le salut de son âme. Souffrant Lui, le Juste pour les injustes, afin de l'amener à Dieu, Il était à même de recueillir la prière du moribond, et de lui donner une réponse telle que Dieu seul pouvait accorder.

Il était venu en effet, comme Il le disait Lui-même, pour chercher sa brebis perdue, « jusqu'à ce qu'Il l'eût trouvée. » Il lui fallut pour cela aller où elle était; Il dut traverser l'abandon, la colère, la mort, de la part de son Dieu, afin de délivrer sa chère brebis, la charger sur ses propres épaules et, bien joyeux, la porter à la maison où Il demeurait, Lui. Elle errait perdue dans un abîme de maux, sous la puissance de Satan, de la mort, du monde, du péché, du juste jugement de Dieu; et désormais, absolument délivrée de tout, elle est « dans le paradis » avec Lui.

Mais on demandera: Que devons-nous entendre par « le paradis ?» La pensée se rapporte facilement au beau jardin d'Eden, où Dieu mit Adam lorsqu'Il le créa; cependant il ne faut pas beaucoup de réflexion pour comprendre qu'il n'est nullement question de cela ici. Dieu ne veut pas refaire un paradis terrestre; Il ne rétablit jamais ce qui a été gâté par les hommes, Il introduit quelque chose de meilleur.

Il ne s'agit pas non plus de rétablir l'homme moralement dans une condition de responsabilité envers Dieu, où il serait en même temps exposé aux tentations de Satan. Non, tout cela est passé pour toujours, grâces en soient rendues à Dieu ! Nous portons nécessairement les conséquences de la chute d'Adam, mais le remède n'est pas en notre pouvoir; il vient de Dieu, et nous est annoncé par l'évangile qui parle de Jésus et de sa mort.

Il y avait, c'est vrai, dans le premier paradis « l'arbre de vie», indication précieuse de ce que Dieu tenait en réserve pour ses créatures bienheureuses, mais Adam n'a jamais pu le toucher, ayant été chassé du jardin à cause de sa désobéissance. Toutefois Dieu ne le perd de vue; et, dans le livre de l'Apocalypse, nous retrouvons l'arbre de vie dans des conditions infiniment meilleures, et Dieu lui-même accorde le « droit » d'en manger (Apocalypse 2;7 et 22;2,14).

Dans le premier paradis, Adam coupable s'enfuit pour se cacher dès qu'il entend la voix de Dieu. Quant au « paradis de Dieu » nous lisons, au contraire, que « ses esclaves le serviront, et ils verront sa face, et son nom sera sur leurs fronts. » Ils éprouveront que sa face est « un rassasiement de joie » à toujours (Psaume 16;11).

Nous trouvons en outre une indication plus précise encore quant à la joie céleste réservée aux croyants, qui ont part aux souffrances de Christ pendant la période de son rejet. Paul est un exemple de ceux-ci. Au jour de sa conversion, il eut le privilège de voir le Seigneur dans la gloire (Actes 26;13; 1 Corinthiens 15;8; et, plus tard, une révélation extraordinaire lui fut accordée: ravi en Esprit «jusqu’au troisième ciel», il entendit des paroles ineffables qu’il n’appartient pas à l’homme d’exprimer. C’était «le paradis» (2 Corinthiens 12;4.)

Tout cela ne nous ramène-t-il pas à la réponse merveilleuse du Seigneur, adressée au pauvre brigand? «Tu seras avec moi», lui dit-Il. Le paradis est donc là où Jésus, le Sauveur jouit auprès de Dieu des délices infinies de sa présence. Là, dans la demeure même de Dieu, Il veut avoir «avec Lui» tout ceux que le Père lui a donnés, afin qu’ils voient sa gloire, à toujours (Jean 17;24.) C’était donc là qu’il voulait prendre, comme premier fruit du travail de son âme, le pauvre brigand crucifié à côté de Lui, qui aurait pu exprimer son bonheur dans les paroles de l’apôtre: «Il m’a aimé et s’est livre lui-même pour moi» (Galates 2;20.)

O cher Sauveur, quel amour que le tien pour le pécheur! Puissent nos cœurs en être toujours plus pénétrés!

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