« LA CONVERSION D'UN JOUEUR »

Tandis que nous tenions des réunions d'évangélisation dans la ville d'Al., on vint, un matin, nous parler d'un homme qui, disait-on, était profondément exécré à l'égard de ses péchés, le Seigneur ayant réveillé sa conscience par une prédication en plein air. Nous apprîmes que cet homme n'avait jamais mis les pieds dans un temple, ni dans une salle quelconque de prédications, décidé qu'il était à ne rien avoir affaire avec la religion et ses avocats. Toutefois, en se promenant le soir dans les rues, il lui était arrivé à deux reprises d'entendre la parole qui y était proclamée, et, comme résultat, il était dans Une profonde détresse à l'égard de son âme. Rien de plus réjouissant pour celui qui travaille de cœur à l'évangélisation que d’apprendre que Dieu s'est servi du message annoncé pour réveiller ou convertir des pécheurs.

Par conséquent, rendant grâces pour ce qui venait de nous être rapporté, nous nous rendîmes au domicile de l'homme en détresse.

Nous le trouvâmes, en effet, profondément malheureux. Terrassé par la maladie, il était venu du Territoire indien à Al. dans l'espoir que la salubrité du climat enrayerait son mal. D'une voix entrecoupée il nous raconta son histoire. Sa vie s'était passée au jeu, avec tout ce qu'il comporte d'excès de toutes sortes. Sa voie avait été de celles qui mènent à la mort ; et il moissonnait maintenant en son corps le fruit de sa dissipation et des jours dépensés au service du diable. Quoique parfaitement conscient de l'état critique dans lequel il se trouvait physiquement, il avait soigneusement évité les croyants qui auraient pu lui venir en aide, et maintenant il nous en dit la raison : c'est qu'il se savait mourant. La mort ! il la redoutait et redoutait davantage encore le jugement qui suivrait. Mais depuis longtemps il était arrivé à cette conclusion qu'il avait été trop loin dans l'égarement pour que la miséricorde divine pût s'étendre jusqu'à lui. Ses péchés appelaient la vengeance. Il ne devait attendre aucun encouragement des réunions religieuses. Voir les autres heureux dans la connaissance du pardon de leurs péchés ne pourrait qu'ajouter à son tourment. Donc, il n'irait pas là, convaincu que pour lui il n'y avait que « l'obscurité des ténèbres » à tout jamais.

Par la bonté de Dieu, il avait été amené à prêter l'oreille à la prédication qui se tenait dans la rue et pour la première fois il commençait à réaliser que, peut-être, la miséricorde divine s'étendrait jusqu'à lui. Seulement, à cette faible lueur d'espoir se mêlait un sentiment plus profond de ses péchés, de telle sorte qu'il était ballotté entre l'espoir et le découragement. Nous lûmes la Parole de Dieu et conversâmes avec lui, mais il restait triste tout en disant : « Je prie, et je suis décidé, si je dois aller en enfer, à y aller en priant.» Nous cherchâmes de tout notre pouvoir à le persuader que le salut est un don gratuit de Dieu, offert « sans argent et sans prix» à tous ceux, sans exception, qui, confessant leurs péchés et se reconnaissant coupables, se montrent disposés à l'accepter gratuitement. Il ne parut pas nous comprendre, mais persista à dire : « Je ne cesserai pas de prier.»

Il est difficile à l'homme d'admettre que le Dieu de toute grâce fasse une offre absolument gratuite aux pécheurs plongés dans leur misère. Ce n'est ni par les prières ni par les œuvres de justice humaine que s'obtient le salut. Celui qui a cru et qui, par conséquent est sauvé par la grâce divine, reconnaît joyeusement que si même, avant sa conversion, il eût été animé d'un zèle brûlant, si ses larmes n'avaient cesser de couler, ce n'est pas cela qui eût pu expier ses péchés. On est sauvé par Christ et par Lui seul. C'est Christ qui a tout fait; au pécheur repentant, il ne reste qu'à prendre.

Mais la gratuité même du salut semblait être une pierre d'achoppement pour le pauvre malade. Il promit néanmoins de venir à la réunion. Ainsi nous le quittâmes après avoir prié avec lui pour qu'il fût amené à voir la perfection qui s'attache à l’œuvre de Jésus.

Conformément à sa promesse, il était présent le soir à la réunion. Il parut écouter avec la plus grande attention; mais son regard effaré témoignait d'un grand trouble intérieur et d'une grande confusion d'esprit. Aussitôt la réunion terminée, nous lui remîmes plusieurs traités qu'il promit de lire.

Le soir suivant, il vint de nouveau au local de réunion, et il était aisé de voir qu'un grand changement s'était opéré en lui. Après la prédication, il s'adressa à nous et nous raconta d'une voix entrecoupée ce qui s'était passé ce jour-là. C'est à peine s'il pouvait s'exprimer, tant était grande sa faiblesse. Il dit : « Cet après-midi, alors que j'étais étendu sur mon lit, je pris les traités et tâchai de les lire. Ma tante entra à ce moment-là et je lui demandai de me les lire. Toutes les fois que, dans sa lecture, elle rencontrait un verset de la Bible, je lui disais : « Vérifiez. » Elle répondait : « Cela n'est pas nécessaire.» Et j'ajoutais : « C'est nécessaire. Il ne faut pas se tromper ici : je veux être sûr. » Alors elle prit une Bible et vérifia les versets. Ils étaient cités d'une manière parfaitement exacte. À la fin je compris. « Oui, dis-je, Christ est mort pour les pécheurs et c'est précisément ce que je suis. Il sauve tous ceux qui mettent en Lui leur confiance. Je puis maintenant me confier en Lui. Il mourut pour les pécheurs ; j'en suis un, donc Il mourut pour moi.» Dès ce moment je me sentis heureux; je fus persuadé que toute la question était réglée et je suis sûr qu'Il ne me mettra pas dehors.

Ensemble nous nous réjouîmes de ce qu'il avait été amené à se reposer sur Celui dont le sang purifie de tout péché.

Et maintenant un remarquable changement physique se produisit. Quand, le lendemain, nous allâmes le voir, il n'était plus en état de marcher. Il semblait que c'était par une force expressément donnée qu'il avait pu sortir la veille au soir. M. S... un compagnon d’œuvre, l'avait visité dans la matinée et m'avait appris le changement ; mais, quoique prévenu, je ne m'attendais pas à constater une aussi grande différence lorsque nous nous rendîmes auprès de lui dans l'après-midi. Il était si faible qu'il pouvait à peine se faire comprendre. Satan l'avait troublé par des doutes. Nous lui donnâmes les paroles mêmes de Dieu et les doutes furent dissipés. Il paraissait recevoir avec la simplicité d'un enfant le témoignage des Écritures comme étant véritablement la parole de Celui qui ne peut mentir.

Trois jours après, il expira. Un moment avant la fin, il porta ses regards en haut, et dit sous forme d'interrogation : « Entendez-vous ? Moi, je les entends qui chantent. Jésus mourut pour les pécheurs. Il mourut pour moi.» Et c'est ainsi que le pécheur racheté s'en alla dans la présence de Celui qui prend plaisir à faire grâce au plus vil.

En terminant ce récit, nous voudrions dire un mot au lecteur inconverti. Que vous soyez un pécheur des plus notoires, écrasé sous le poids des iniquités d'une vie passée en rébellion ouverte contre le Dieu qui vous a créé encore bien que vous n'ayez jamais reconnu sa main préservatrice au travers des circonstances de votre vie mouvementée ; ou bien que vous soyez ce que l'on estime un homme moral et religieux, dans l'un comme dans l'autre cas, si vous avez rejeté le Seigneur Jésus- Christ, vous êtes coupable du plus grand des péchés. Est-ce à dire que vous êtes irrémédiablement perdu ? Non: à vous « la parole de salut est envoyée. » Car le précieux Fils de Dieu, en mourant sur la croix, a porté le jugement dût au péché ; et maintenant, par l’œuvre qu'il a accomplie, vous pouvez, tout comme le joueur converti, être « justifié de toutes choses » et ainsi préparé à jouir d'une éternité de bonheur en présence de Celui qui se sacrifia pour vous.

Christ reçu: cela signifie LA JOIE ÉTERNELLE.

Christ rejeté: cela signifie L'ÉTERNELLE MISÈRE.

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Auteur inconnu