À LA RENCONTRE, DE L'ÉPOUX

« Alors le royaume des cieux sera fait semblable à dix vierges qui, ayant pris leurs lampes, sortirent à la rencontre de l'époux » (Matthieu 25;1-13.)

Pourquoi cette attitude, représentée par le mot « sortirent ?» Elle a dû paraître étrange à un Juif habitué à la pensée que tous les biens qu'il attendait se rattachaient à Jérusalem, se concentraient là. N'avait-il pas été enseigné dès sa jeunesse à prier pour la paix de Jérusalem, à considérer cette ville comme la demeure choisie de Dieu, précieuse garantie que les soins de l'Éternel ne manqueraient jamais envers Israël ? Pendant les sombres jours de la captivité, quand, ne pouvant plus chanter, il tenait sa harpe suspendue aux saules qui bordaient les fleuves de Babylone, ne se consolait-il pas en disant : « Si je t'oublie, ô Jérusalem, que ma droite s’oublie! » (Voyez les psaumes 122, 125, 128, 137.) N'est-ce pas là que l'Éternel habitait (Psaume 135;21?) Où pouvait-on aller loin de Jérusalem, pour rechercher la présence du Dieu d'Israël, pour jouir des effets de sa grâce, pour célébrer sa bonté qui « demeure à toujours? »

Et n'y avait-il pas aussi une parole prophétique qui indiquait nettement que le Roi promis s'y rendrait, et que c'était là qu'on devait le voir ? Les Siméon et les Anne, s'étaient-ils trompés en « attendant la délivrance à Jérusalem? » (Luc 2;38) N'était-ce pas là que le trône de David devait être rétabli? Les prophètes Aggée et Zacharie, qui encourageaient les réchappés de Babylone à reconstruire la maison de l'Éternel à Jérusalem, n'avaient-ils pas dit : « Dans ce lieu, je donnerai la paix, dit l'Éternel des armées », et « Réjouis-toi avec transports, fille de Sion, pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! «Voici, ton roi vient à toi » ? Toutefois, c'est sur la montagne des Oliviers, en regardant la ville sur laquelle. Il avait pleuré, que Jésus parle «de sortir.»

Hélas, que de tristesses, que de déceptions, se trouvent cachées dans ce mot ! C'est que le Roi était venu, et on ne l'avait pas reconnu. Son propre peuple voulait se défaire de Lui, en le mettant « au rang des iniques » ; oui, ceux-là mêmes qui n'avaient vu de sa part que des actes de bonté, toute sa puissance divine ayant été au service de sa grâce. Dès lors, la sentence d'aveuglement judiciaire a son effet sur une nation sans intelligence et désobéissante (Romains 10;16-21.) Le prophète n'avait-il pas raison de dire: «Qui est-ce qui a cru à ce qu'il a entendu de nous? » Comme disait aussi l'apôtre Paul dans la synagogue à Antioche de Pisidie : « Ceux qui habitaient à Jérusalem et leurs chefs, n'ayant pas connu Jésus, ni les voix des prophètes qui se lisent chaque sabbat, ont accompli celles-ci, en le jugeant ; et quoiqu'ils ne trouvassent en lui aucun crime qui fût digne de mort, ils prièrent Pilate de le faire mourir » (Actes 13;27-28.)

Il fallait donc « sortir », et si l'on ne le faisait pas de bon cœur, attiré par Celui qui était venu pour sauver, les jours de châtiment surviendraient, où l'on serait obligé de sortir en toute hâte de la ville condamnée, alors que sa destruction s'achèverait par des armées ennemis (Luc 21;20-24.)

En effet, le royaume qui aurait dû être établi en puissance, lors de l'avènement du Roi promis, prend un autre caractère, dès que le Roi n'est pas reconnu par son peuple. Jérusalem avait été indiquée d'avance comme «la ville du grand Roi » (Matthieu 5;35.) Pour un moment il semblait même qu'Il serait acclamé par une populace enthousiaste ; mais devant la réprobation de ses chefs, comme Il entrait dans la ville, personne n'a osé soutenir qu'Il était roi. La question : « Qui est celui-ci ? » trahissait leur irritation ; et pour toute réponse, les foules disaient qu'Il était « le prophète de Nazareth. » Une semaine plus tard, tous furent d'accord pour demander sa mort. Et tout cela eut lieu à Jérusalem !

Oui, il faut sortir, mais pour aller où ? Ah ! il ne s'agit pas de chercher un lieu qui remplacerait Jérusalem ; il n'y en a point. Elle reste ce qu'elle est pour le mal ou pour le bien, et il y a pour elle un avenir non encore réalisé, quand la prophétie sera accomplie: « Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu : Parlez au cœur de Jérusalem, et criez-lui que son temps de détresse est accompli, que son iniquité est acquittée; car elle a reçu de la main de l'Éternel le double pour tous ses péchés » (Ésaïe 40;1-2.) Non, il ne s'agit pas d'un lieu ici-bas, ou ailleurs, mais d'une personne, celle-là même que Jérusalem a méprisé : « La pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée, celle-là est devenue la maîtresse pierre du coin » (Matthieu 21;33-42).

Le royaume est devenu en effet un « royaume des cieux », non pas seulement comme indiquant le vrai siège de l'autorité, mais encore plus parce que Celui qui exerce l'autorité a été reçu dans les cieux, en attendant l'accomplissement des choses dont Dieu a parlé par la bouche de ses saints prophètes de tout temps (Actes 3;19-21.)

C'est donc vers Lui qu'il faut sortir, vers Lui, connu sous un caractère nouveau, non plus maintenant en rapport avec la gloire terrestre, sensible au cœur de l'homme, mais selon les desseins immuables de Celui qui tient toutes choses entre ses mains, et qui veut « des noces pour son Fils » (Matthieu 22;2.) Tous ceux qui sont instruits de cette pensée connaissent le Christ de cette façon. Rejeté des siens, Il devient l'objet de l'affection et de l'intérêt de ceux qui le suivent, et qui, en le suivant, partagent son rejet. Pour eux ; il est « l'Époux » des conseils de Dieu, et ils sont contents de faire le sacrifice de tout, afin d'avoir leur part avec Lui.

Nous le répétons: il y va des pensées du Père pour son Fils à Lui. Tous ceux qui sont conviés aux « noces », le sont en vue du Fils, et pour sa gloire. En portant la robe qui leur est gratuitement offerte, leur présence rend nécessairement témoignage que le Roi veut « des noces pour son Fils. » L'Éternel, ainsi connu du Juif, est devenu pour le chrétien le Père et le Fils.

Pour saisir bien cette pensée, il s'agit de comprendre la manière dont Dieu s'est révélé, lors de la sortie d'Égypte. Il s'est fait connaître à Moïse comme l'ÉTERNEL; et particulièrement en rapport avec les promesses faites aux patriarches, promesses qu'Il allait accomplir dans ce moment-là. Pour nous, la présence du Seigneur Jésus dans ce monde a ajouté une vérité de plus, savoir que Dieu est son Père. En conséquence, « quiconque nie le Fils n'a pas non plus le Père, celui qui confesse le Fils a aussi le Père » (1 Jean 2;23.) C'est la foi chrétienne proprement dite. Cette pensée convient à ceux que représentent « les vierges » de Matthieu 25. En « sortant » comme elles, nous ne sommes plus sur un terrain juif ; c'est l'attitude caractéristique des chrétiens qui suivent un Christ rejeté.

Les vierges sortent donc, « à la rencontre de l'Époux », autre trait précieux les différenciant de ceux qui, d'après les prophéties, cherchent leur avenir dans la Jérusalem terrestre. Elles vont à la rencontre de Celui qui vient. Oui, l'Époux « VIENT », elles le savent. En l'attendant, leur patience sera exercée; mais toujours est-il que c'est parce qu'il vient, qu'elles sortent à sa rencontre.

Le voir, l'entendre, le posséder, Lui, tel est le motif qui les pousse, à tout quitter pour sortir à sa rencontre. L'Époux leur est plus précieux qu'aucune chose ici-bas. Elles estiment pouvoir faire facilement le sacrifice des choses qui les auraient retenues, à cause de la joie plus grande de le voir, Lui, et d'être reçues par Lui pour partager sa joie (Matthieu 25;21,23.)

En est-il ainsi pour vous, mon cher lecteur? Que chacun se le demande: As-tu trouvé de l'attrait dans la personne du Seigneur, assez pour t'engager à lâcher les choses que le monde recherche ? Qu'as-tu quitté, qui ferait penser à ceux qui te connaissent que le Seigneur t'est réellement précieux ? Es-tu d'accord avec l'apôtre, lorsqu'il parle de la « pierre » rejetée par ceux qui bâtissaient, mais que Dieu a établie maîtresse pierre du coin : « C'est donc pour vous qui croyez qu'elle a ce prix » (Comparez Actes 4;12, avec 1 Pierre 2;3-7.) C'est de cette « pierre vivante » que nous avons à nous approcher.

Il s'agit avant tout du prix qu'a la personne du Seigneur à nos yeux, sans qu'il soit question des choses qu'Il apporte. Dans ces dispositions-là, le fait qu'Il vient, dit tout au cœur qui le recherche. Nous le verrons tel qu'Il est et nous serons pour toujours avec Lui.

Mais c'est la « nuit » de son absence. Nous ne pourrons connaître véritablement « le jour » qu'en tant que nous serons avec Celui qui est « la lumière de la vie. » En l'attendant, nous avons à marcher dans la nuit, avec des lampes, et avec quelque chose pour les alimenter. Nous ne savons pas quand Il viendra, mais au moment critique, il importe que les lampes ne soient pas éteintes. Que d'exercices de cœur et de conscience se trouvent dans cette pensée ! Puisse le Seigneur nous y rendre attentifs pour sa gloire !

* - * - * - * - * - * - * - * - *