LES INFINIMENT PETITS

ET LEUR PUISSANCE

«Écoutez ceci, peuple insensé et sans intelligence, qui avez des yeux et ne voyez pas, qui ayez des oreilles et n'entendez pas. Ne me craindrez-vous pas, dit l'Éternel, ne tremblez-vous pas devant moi, qui ai mis le sable pour limite à la mer, statut perpétuel, qu'elle n'outrepassera pas ? Ses vagues se soulèvent, mais elles ne prévaudront pas ; et elles bruient, mais elles ne l'outrepasseront pas. Mais ce peuple-ci a un cœur indocile et rebelle; ils se sont détournés et s'en sont allés ; et ils n’ont pas dit dans leur cœur : Craignons pourtant l'Éternel, notre Dieu, qui donne les pluies en leur temps, la pluie de la première saison et la pluie de la dernière saison, et qui nous garde les semaines ordonnées de la moisson.» (Jérémie 5;21-24.)

« Dieu a choisi les choses faibles du monde pour couvrir de honte les choses fortes. » Cette vérité énoncée par l'apôtre Paul en écrivant aux Corinthiens, trouve une jolie illustration dans le passage cité ci-dessus, où l'Éternel rappelle qu'Il a mis le sable pour limite à la mer. Avec ce qu'il y a de plus petit Il peut briser l'effort de ce qui, dans la nature, est l'emblème de la puissance. Par le moyen du sable, Il a établi, en statut perpétuel, une limite que la mer n'outrepassera pas. Ses vagues ont beau se soulever; elles ne prévaudront pas, comme nous lisons ailleurs: « Tu viendras jusqu'ici et tu n'iras pas plus loin, et ici s'arrêtera l'orgueil de tes flots » (Job 38;11).

Dieu met un frein à l'orgueil des hommes; comme Il met une limite à la fureur de la mer. Dans sa sagesse, Il se sert de choses presque imperceptibles pour abaisser la fierté de l'homme, si du moins il reste à ce dernier encore un peu d'intelligence, de bon sens et de réflexion.

N'est-il pas incontestable que les prétentions de l'homme à ne reconnaître d'autre Dieu que lui-même, ne se sont jamais affirmées dans un si grand nombre d'individus et avec tant d'audace que de nos jours ? Et pourtant, ne pouvons-nous pas demander: Quand la vanité de l'homme et sa complète impuissance ont-elles été mises à nu avec plus de réalité ?

La lutte gigantesque, désespérée, dans laquelle les peuples épuisent leurs ressources contre des ennemis microscopiques, suffit à elle seule pour tenir l'homme dans le silence. L'histoire a-t-elle conservé le souvenir d'un ennemi si effrayant que l'on ait estimé sa tête à cinq cents mille francs ? Eh bien, cette somme a été offerte à qui réussirait à détruire le Phylloxéra, ce mortel ennemi de la viticulture.

Qu'il est humiliant, pour ne pas dire plus, pour un cultivateur, d'avoir à s'efforcer de quinze en quinze jours durant tout l'été, d'asperger ses vignes d'eau de vitriol, ou les saupoudrer de soufre, afin de prévenir ou d'arrêter l'invasion de cette armée redoutable des imperceptibles, qui, sous le nom de mildiou, d'oïdium, etc, se répandent sur les feuilles, sarments, grappes, et anéantissent la récolte en si peu de temps! Et pourtant ce sont des êtres inconscients, par lesquels l'homme, en dépit de toutes ses prétentions, sa science et ses découvertes, est vaincu.

Et que dire de ces bacilles qui osent s'attaquer à l'homme même, à l'être qui est le roi de la création, et, dans ce sens, le centre de l'univers ? Ces audacieux êtres invisibles ne respectent pas plus le monarque que le dernier des esclaves, l'homme de génie pas plus que le simple d'esprit. Avec moins d'égard pour l'homme que pour une bête, ils se fixent sur les organes les plus indispensables à l'existence, et lentement mais sûrement ils font retourner l'homme jusqu'à la poussière, oui, à la poussière d'où il est sorti, de même que les affreux microbes, qui, sans trêve-ni merci, le dévorent impunément!

Dans les choses dont l'homme se vante le plus au point de vue de sa science, il est encore dépendant des circonstances qu'il ne peut contrôler, et cela à un degré qu'il n'aime pas avouer. Rappelons un fait de l'année dernière, qui fait toucher du doigt son impuissance.

C'était le 30 août, alors que plusieurs astronomes et physiciens de renom étaient réunis dans l'île de Majorque, pour observer l'éclipse du soleil. Ils avaient pour programme principal la photographie de la couronne circumsolaire pendant la phase de la totalité de l'éclipse. En vue de cela, ils se sont occupés huit jours à l'avance à l'installation de cinq grands appareils., Le 30 août, à 11 heures, il faisait beau, ainsi qu'à midi au moment du premier contact; mais une heure vingt minutes plus tard, au moment de la totalité de l'éclipse, un nuage s'avance et couvre le soleil. Une exclamation de colère éclate, simultanément en quatre ou cinq langues, sur la terrasse où les appareils photographiques étaient braqués sur les astres en conjonction. La seule occupation des vaillants astronomes se réduisait alors aux observations d'intérêt secondaire qui ne les consolaient guère de la perte de leurs peines. Que conclure de ces faits, sinon que la force est à Dieu ? L'Écriture dit: « Finissez-en avec l'homme dont le souffle est dans ses narines, car quel cas doit-on faire de lui ? »(Ésaïe II, 22). L'homme va s'exaltant sans cesse, mais, vivant dans l'ignorance de Dieu, il ne considère pas qu'il est moins intelligent que les animaux; car « le bœuf connaît son possesseur, et l'âne la crèche de son maître » (Ésaïe 1,3).

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Mais l'Écriture nous apprend aussi qu'il y a un gouvernement divin, et que l'orgueil précède l'écrasement. Le grand roi Nebucadnetsar en fit la solennelle expérience, après avoir été averti au préalable par le prophète Daniel. Malgré le conseil donné, au moment où il s'attribuait la grandeur et la gloire de cette Babylone qu'il avait bâtie, une voix tombée des cieux l'arrêta, en disant: « Roi Nebucadnetsar, il t'est dit: Le royaume s'en est allé d'avec toi ; on te chassera du milieu des hommes, et ta demeure sera avec les bêtes, des champs ; on te fera manger de l'herbe comme les bœufs, et sept temps passeront sur toi, Jusqu’à ce que tu connaisses que le Très-haut domine sur le royaume des hommes et qu'Il le donne à qui Il veut. » Tout cela s'est accompli à l'instant même; puis, à l'expiration des sept ans de son épreuve, le roi lui-même en donna connaissance à tous les peuples assujettis à son autorité.

Ce qui est arrivé à ce premier monarque universel, est une figure de ce qui atteindra la génération actuelle, si révoltée contre Dieu. Le jugement, annoncé en tant d'endroits dans les saintes Écritures, ne manquera pas de tomber sur les incrédules, au moment où ils s'y attendront le moins. « Ils n'échapperont point », est l'arrêt divin, conformément ce que nous lisons autre part: « Ne soyez pas séduits; on ne se moque pas de Dieu, car ce qu'un homme sème, cela. aussi, il Le moissonnera » (Galates 6;7; 1 Thessaloniciens 5;3).

La croix de Christ a mis en évidence l’état réel du cœur de l'homme. Si, d'un côté, nous y voyons la merveilleuse rédemption que Dieu, dans sa grâce et sa justice, a faite pour le pécheur, nous pouvons y apprendre aussi le juste jugement de Dieu sous lequel tous se trouvent, quels que soient leur rang, leur science, leur condition sociale. Le monde a rejeté le Fils de Dieu, et Dieu « a établi un jour auquel il doit juger en justice la terre habitée par l'homme qu'il a destiné à cela, de quoi il a donné une preuve certaine à tous, l'ayant ressuscité d'entre les morts » (Actes 17;31).

Désormais, Dieu use de patience envers tous, « ne voulant pas qu'aucun périsse, mais que tous viennent à la repentance » (2 Pierre 3;9). Toutefois il y a une limite à cette patience; et quiconque méprise la bonté de Dieu qui le pousse à la repentance, s'en va à grands pas au devant du jugement arrêté. Que fera-t-on dans ce jour terrible ? Si les hommes sont aujourd'hui vaincus par les plus petites des créatures que Dieu a faites, et s'ils n'osent pas se tenir devant les grandes restées féroces, quels seront leurs sentiments lorsqu'ils seront forcés de comparaître devant le « grand trône blanc», alors qu'ils y verront assis le Fils de Dieu autrefois méprisé et crucifié entre deux brigands ?

Il semble pourtant que ces considérations devraient faire appel à tout être raisonnable, comme Dieu le rappelle à son serviteur Job, en lui parlant du «Léviathan » ou crocodile: « Nul n'est assez hardi pour le réveiller; et qui est celui qui se présentera devant moi! »

Les péchés de l'homme l'ont laissé dans un tel état d'impuissance que, si la grâce de Dieu n'intervenait pas, il n'y aurait pour lui aucun espoir. En considérant l’œuvre d'amour divin accomplie par Christ à l'intention de tous les hommes, nous apprenons quelle est, aux yeux de Dieu, la condition où ceux-ci se trouvent. Les souffrances du Seigneur sur la croix, son abandon de Dieu, sa mort expiatoire, sont un témoignage complet et des plus solennels rendu, à la face de l'univers, dans toutes les langues; avec une éloquence unique, à la condition de tout homme devant Dieu. L'apôtre le dit: «Si un est mort pour tous, tous donc sont morts » (2 Corinthiens 5;14). Sur tout homme quel qu'il soit pèse une sentence de mort absolument semblable à celle qui a été exécutée par la justice inflexible sur Jésus, le Fils de Dieu, lorsque, victime pour le péché, Il s'est offert à Dieu en rançon pour tous. C'est pourquoi l'apôtre Paul, étreint par l'amour de Dieu, s'adresse à tous en disant: «Soyez réconciliés avec Dieu. »

Le saint Fils de Dieu a été seul avec Dieu dans son amour pour l'accomplissement de cette œuvre bénie d'abolition présente et éternelle du péché et de toutes ses conséquences. Le sacrifice de Christ est le seul moyen par lequel le pécheur, s'il croit du cœur à la réalité de l'amour de Dieu, et de l'efficacité du sang de Christ, est réconcilié avec Dieu, purifié de tout péché. Ainsi revêtu de justice de Dieu par Christ, il est absolument à l'abri de la colère de Dieu qui atteindra quiconque meurt dans ses péchés.

Puisse chacun de nos lecteurs dire avec le psalmiste: « Sur Dieu seul mon âme se repose paisiblement; de lui vient mon salut. Il est ma haute retraite, je ne serai pas ébranlé » (Psaume 62;1-7).

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