« L'ENNEMI REPOUSSÉ »

« Quand l'ennemi viendra comme un fleuve, l'Esprit de l'Éternel lèvera un étendard contre lui » (Ésaïe 59;19). Précieuse et consolante parole! Elle fut écrite sept siècles et demi, avant le moment où le Seigneur Jésus, dans sa grâce souveraine, prit place avec ceux qui, à la suite de la prédication de Jean le Baptiseur, confessaient leurs péchés et se soumettaient à son baptême. À cette occasion la parole du prophète reçut un accomplissement remarquable, lequel, plus que tout autre, nous sert d'exemple de la manière efficace dont nous pouvons et devons obéir à l'injonction apostolique, et réaliser la délivrance en conséquence : « Résistez au diable, et il s'enfuira de vous » (Jacques 4;7). Un autre passage indique comment cela peut se faire: « Résistez-lui, étant fermes dans la foi » (1 Pierre 5;9).

Pour le Seigneur lui-même, à vues humaines, il n'y a rien de plus humiliant que son baptême ! Tous ceux qui se faisaient baptiser par Jean avouaient par cet acte même, qu'ils étaient pécheurs. Les pharisiens avaient un certain intérêt à s'identifier avec le courant religieux à le diriger même, afin de ne pas perdre leur autorité sur le peuple; mais leur orgueil les empêchait de le faire sincèrement. Ceux qui, dans leur prière publique, rendaient grâces à Dieu de n’être pas injustes, éprouvaient sans doute une grande difficulté à venir à Jean pour confesser leurs péchés. Rien d'étonnant alors dans l'épithète que Jean leur applique, en disant: « Race de vipères, qui vous a avertis de fuir la colère qui vient ? » Ils « rejetaient contre eux-mêmes, le conseil de Dieu. » Mais le gros du peuple et les publicains dont le cœur avait été saisi de componction en entendant Jean, venaient hardiment au baptême, remettant leur cause entre les mains de Dieu (Luc 7;29-30 ; Matthieu 21;31-32). Et Jésus se met avec eux.

Notons encore, surtout dans le récit de Matthieu, que le Seigneur ne fit rien pour justifier aux yeux des hommes la position nouvelle qu'Il allait prendre. Il n'offrait ni à Jean, ni aux assistants, aucune explication pour leur faire comprendre la différence immense entre Lui et eux, savoir que Lui ne «connaissait pas le péché. » Jean lui-même se sentait indigne d'accomplir cet acte et voulait l'en empêcher, disant qu'il avait plutôt besoin d'être baptisé par Lui; car, par le Saint Esprit, il l'avait déjà annoncé comme «l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde » (Jean 1;29). Mais Jésus insiste sur le devoir que Jean avait à accomplir, et Jean, obéit. Jésus était venu pour faire toute la volonté de Dieu. L'humiliation la plus grande était devant lui, et Il l'accepte, laissant sa justification à Dieu seul.

Elle ne se fit pas attendre; Dieu reconnaît ouvertement la perfection de Jésus, et pour la première fois la trinité est manifestée. Comme Il montait de l'eau, «les cieux lui furent ouverts, et il vit l’Esprit de Dieu descendant comme une colombe, et venant sur lui; et voici une voix qui venait des cieux, disant : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé en qui j'ai trouvé mon plaisir. »

Qu'arrive-t-il alors ? Chose étonnante, horrible, presque incroyable, Satan saisit l'occasion pour se rendre auprès de Jésus et mettre en question le témoignage de Dieu, l'engageant à établir son identité par une preuve facile à reconnaître par l'intelligence humaine, et qui rendrait inutile le témoignage divin. Comment le Seigneur agit-Il dans cette circonstance ? De quelle façon veut-Il, sauvegarder la gloire de Dieu; l'autorité des Écritures, et la vérité quant à sa propre personne, sans rien lâcher de la dépendance qui convenait à son humanité parfaite, dépendance dont Il voulait donner un exemple, car c'est par elle seule que la créature peut jouir de la communion avec Dieu?

Lorsqu'on se reporte au premier assaut de l'ennemi dans le jardin d'Éden, on peut mieux comprendre l'importance de celui-ci, ainsi que son caractère. En suggérant à Ève un doute quant à la défense que Dieu lui avait faite de manger de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, Satan la prépare à entendre et partant, à accueillir la négation formelle des termes de la défense. L'obéissance faisant place au raisonnement dans le cœur de la femme, celle-ci, inconsciemment, transféra son allégeance de Dieu à Satan, et tout était perdu pour nos premiers parents; ils ne pouvaient plus jouir du paradis terrestre. La perte de la dépendance de Dieu rendait la communion avec Lui impossible, et le péché, entraînant la mort, entra dans le monde. Dès lors la race humaine s'est distinguée par l'effort continuel d'égaler Dieu, sinon de le dépasser. Et en le faisant, l'homme ne considère pas qu'il s'est fait l'esclave de Satan et que celui-ci l'entraîne après lui à la perdition éternelle.

Chez le Seigneur on voit le contraire. « Étant en forme de Dieu, il n'a pas regardé comme un objet à ravir d'être égal à Dieu, mais s'est anéanti lui-même, prenant la forme d'esclave, étant fait à la ressemblance des hommes; et, étant trouvé en figure comme un homme, il s'est abaissé lui-même, étant devenu obéissant jusqu'à la mort, et à la mort de la croix» (Philippiens 2;6-8). La croix était devant Lui dès son entrée dans le monde, car, selon le Psaume 40;9 Il était venu faire la volonté de Dieu. Ayant été dès l'éternité avec Dieu et l'Auteur de toute la création, Il accepta de devenir homme sur une terre gâtée par le péché, afin d'opérer la rédemption, en apprenant l'obéissance par les choses qu'Il a souffertes. C'est pourquoi, en commençant son ministère, Il prend place avec des pécheurs qui confessaient leurs péchés. Et cela donne lieu à une justification immédiate de la part du Père. Cette réponse divine devait être en même temps une garantie que les pécheurs auxquels Jésus s’est associé auraient aussi leur justification, du moment que fût accomplie l’œuvre d'expiation sur laquelle elle est basée. Le Seigneur le disait en effet à ses disciples, lors du dernier souper, quand Il leur donnait la coupe, en disant: « Buvez-en tous; car ceci est mon sang, le sang de la nouvelle alliance, qui est versé pour plusieurs en rémission de péchés » (Matthieu 26;28).

La place qu'avait prise le Seigneur en grâce provoqua l'attaque de Satan, qui se montra aussitôt; et combien grandes étaient les issues en jeu pour l'humanité tout entière! Jésus était seul pour parer le coup livré alors, dans la voie de l'humiliation et des souffrances. Il tint ferme, et « l'homme fort » fut lié.

Il venait de passer quarante jours à jeun, non pas comme Moïse et Élie, sur la montagne avec Dieu, mais dans le désert « avec les bêtes sauvages» (Marc 1;13). Puis le tentateur lui dit: « Si tu es Fils de Dieu, dis que ces pierres deviennent des pains. » La réponse de Jésus fait ressortir sa perfection. Il n'entre pas, comme Ève, sur le terrain du raisonnement préparé par la subtilité de Satan, mais Il dit : « Il est écrit: L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Deutéronome 8;3.) Jésus s'en tient à la dépendance absolue de Dieu et de sa parole, dépendance indiquée dès le début comme la condition du bonheur des hommes sous les soins du Créateur.

L'ennemi répète son attaque, se servant cette fois de l'Écriture même; mais Jésus ne veut pas entamer de discussion. Il répond par la parole simple qui n'est pas susceptible de deux explications : « Il est encore écrit: Tu ne tenteras pas le Seigneur ton Dieu » (Deut. 6;16).

Repoussé pour la seconde fois, le diable jette son masque et se présente en monarque de toute la terre, demandant l'adoration personnelle comme le prix de céder ses droits au Seigneur. «Alors Jésus lui dit: Va-t-en Satan, car il est écrit : Tu rendras .hommage au Seigneur ton Dieu, et tu le serviras lui seul » (Deutéronome 6;13.)

« Alors le diable le laisse : et voici, des anges s'approchèrent et le servirent» (Matthieu 4;1-11). La victoire était complète; et Satan ne revint pas avant la croix. L'ennemi fut vaincu sur son propre terrain et l'exemple parfait que nous avons à suivre, est indiqué pour toujours. Trois versets des Écritures, choisis à propos, furent les armes efficaces dont le Christ s'est servi. Le tentateur ne pouvait pas résister à leur force.

La troisième tentation de Satan a un caractère différent de celui des deux premières. Il n'est plus question de ruse; l'ennemi se présente ouvertement, exigeant que le culte qui appartient à Dieu lui fût adressé à lui. C'est le prix auquel il offre tous les avantages que les hommes recherchent dans ce monde. Mais en les recherchant, ils ne savent pas qu'ils donnent la première place à Satan. Pour un cœur réellement soumis à Dieu, du moment que l'ennemi se découvre, il perd sa force ; le chrétien n'a qu'à lui résister et le diable s'enfuit (Jacques 4;7.) Et cela aussi l'exemple parfait du Seigneur vient à l'appui de ce passage. Jésus dit: « Va-t'en, Satan. » Puis Il se sert encore de l'épée de l'Esprit, en citant un verset des Écritures qui définit nettement la position relative de l'homme, et son bonheur en s'approchant de Dieu: « Tu rendras hommage au Seigneur ton Dieu et tu le serviras lui seul» (Deutéronome 6;13.) Précieux Sauveur! Comme Il a voulu en toutes choses nous préparer le seul chemin où la communion avec Dieu peut être goûtée, et nous montrer de quelle manière il faut y marcher! Hélas, pour nous, l'amour du monde est une partie de notre nature déchue, et nous avons besoin d'écouter l'exhortation : « N'aimez pas le monde » ; Mais il est consolant de savoir que « celui qui est né de Dieu se conserve lui-même, et le méchant ne le touche pas. » Le monde entier «gît dans le méchant », mais le Saint Esprit nous a été donné afin que nous n'accomplissions point la convoitise de la chair (Galates 5;16, 25; 1 Jean 2; 6, 15; 5;5, 18, 19.)

Celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu est victorieux du monde.

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Auteur inconnu