« CELUI QUI TE PARLE, C'EST LUI »

(Jean 4;26 ; 9;37.)

La confession de l'apôtre Pierre, en réponse à la question du Seigneur, Jésus : « Qui dites-vous que je suis ?» Embrasse deux côtés de la gloire personnelle de son maître. Il était « le Christ », objet continuel du témoignage de Dieu dans l'Ancien Testament. La chute de l'homme avait rendu ce témoignage absolument nécessaire, afin qu'un pécheur sous la condamnation de mort pût saisir une espérance de vie. Mais Il était aussi « le Fils de Dieu.» Lui qui seul peut faire connaître Dieu tel qu'Il est, Celui qui possède la vie en Lui-même, qui est « la vie éternelle » et qui nous la communique, (voyez Jean 1;18 ; 5;26 ; 17;2-3 ; 1 Jean 5;20, ainsi que Matthieu 16;16.)

Or, il est précieux pour nos cœurs de constater que, dans l'Evangile de Jean, ces deux côtés de la gloire du Seigneur se retrouvent comme une communication personnelle par Lui faite, premièrement à la femme de Sichar (chap. 4) et puis à l'aveugle-né (chapitre 9.) Chacun peut comprendre la différence entre une communication directe et ce qui n’est qu'un résultat de recherches. Ce résultat peut être très bien établi et prouvé; il peut avoir la plus grande valeur lorsqu'il s'agit de connaître quelqu'un que l'on estime. Mais dans ce cas aussi, sa valeur et son intérêt pâlissent devant une déclaration faite de vive voix par la personne elle- même. Quel lien intime, et quel bonheur personnel se trouvent cachés dans cette courte phrase: Il me l'a dit lui-même ! Ce lien et ce bonheur méritent bien notre attention.

Remarquons tout d'abord que la révélation personnelle du Seigneur dans ces deux cas fut faite à un seul individu. Ce n'était nullement une proclamation dans un discours public; ce n'était pas non plus une vérité confiée par le Seigneur à ses disciples réunis; c'est le mouvement spontané des compassions divines, c'est la grâce souveraine répondant à un besoin d'âme dont Jésus seul peut apprécier, et mesurer les profondeurs. Cela rappelle une autre occasion mémorable, où le Sauveur s'est fait connaître au plus grand persécuteur des fidèles; parlant à lui seul, Il dit: « Je suis Jésus que tu persécutes » (Actes 9;5.) Est-il étonnant que plus tard ce Saul de Tarse, transformé en l'apôtre Paul, ait écrit au sujet du « Fils de Dieu » : « Il m'a aimé...? » (Galates 2;20.)

En examinant de près les deux rencontres du Seigneur Jésus dont nous parlons, on est frappé par le fait que les personnes en question étaient flétries par la société de leur temps. La femme samaritaine, que Jésus trouva près du puits de Jacob était au plus bas de l'échelle morale ; l'aveugle-né avait été mis à l'index par les chefs religieux, privé par conséquent de prendre part à un service quelconque qui aurait pu lui apporter du secours spirituel.

Puis, chose étonnante, ce sont précisément ces deux cas qui nous fournissent l'occasion de comprendre ce que c'est que le culte chrétien proprement dit. Quelle nouvelle, même pour une âme pieuse de l'ancienne économie, que Dieu connu comme « PÈRE » cherchât de « vrais adorateurs! » Qui aurait pu dire cela, si ce n'est le Fils ? De plus, cette vérité n'est pas communiquée à quelqu'un de la race favorisée d'Israël, à quelque personne dévote s'efforçant de s'élever un peu au-dessus du culte routinier de ce temps-là ; mais, au contraire, à une pécheresse appartenant aux peuples mélangés qui habitaient la Samarie, auxquels les Juifs n'accordaient aucune part à leurs privilèges nationaux. Méprisés, honnis, haïs par tous ceux qui portaient le nom de Juifs, les Samaritains ne pensaient qu'à rendre outrage pour outrage. Il suffisait d'être né samaritain pour être au banc des représentants de la religion accréditée par les seuls gardiens des oracles de Dieu. Et la femme, à cause de sa vie désordonnée, était encore méprisée par ses propres connaissances. Voilà précisément un objet de la grâce souveraine de Dieu. On ne saurait en trouver de mieux adapté pour nous montrer jusqu'où cette grâce s'étend.

Et Jésus la recherche. D'une telle âme Il a besoin de votre cœur ?

Que de milliers de Juifs angoissés trouveraient du soulagement avec le pardon de leurs péchés, s'ils pouvaient croire comme la femme de Sichar, que le Messie est déjà venu! Il n'y a pas d'autre chemin de salut; et celui qui croit en simplicité de cœur, le possède déjà. Si vous le faites, cette année sera en effet une nouvelle année pour vous, une année de bonheur et de paix.

L'autre incident présenté dans l'Évangile de Jean diffère en plusieurs points du premier ; mais ces différences servent encore à relever d'autres traits de la grâce.

Le cas était désespéré. Il l'était à tel point que personne ne songea à intercéder auprès du Sauveur en faveur du pauvre aveugle. Ni parents, ni amis, pas plus que les disciples du Seigneur, ne pensent à la possibilité d'un changement pour quelqu'un qui était né ainsi. Qui est-ce qui aurait pu lui suggérer de faire comme le fils de Timée, assis au bord du chemin, près de la ville de Jéricho ? (Marc 10;46-52.) Un aveugle-né était évidemment sans espoir ; de quelle utilité serait une prière pour opérer sa guérison ? Comment espérer l'impossible ?

Mais le Fils de Dieu était là, venu pour opérer les œuvres de son Père. Personne ne le comprenait que Lui. De plus, l'aveugle-né a des oreilles pour écouter, un cœur pour croire. Jésus met de la boue sur ses yeux, lui disant d'aller se laver au réservoir de Siloé. Il s'en va, il se lave, il revient voyant. Au lieu de s'attarder à raisonner sur l'inutilité apparente d'un tel procédé, il met immédiatement à l'épreuve la parole de Jésus, sans qu'il y eût personne pour l'aider. Il fait l'expérience de la puissance du Sauveur et l'heureux résultat pour lui-même d'avoir obéi à son commandement.

Que fera-t-il ? Que pourra-t-il faire, si non répondre aux questions qui lui sont faites, en racontant simplement les faits à la gloire d'un «homme, appelé Jésus » qu'il ne connaissait pas autrement ? Est-ce qu'on était content de l'apprendre ? Y avait-il un cœur réchauffé, encouragé à prendre part aux louanges de Dieu ?

Hélas, non! Dorénavant il doit poursuivre son chemin seul; ses parents même craignent de se ranger de son côté, et puisqu'il persiste à dire la vérité des faits, en s'appuyant tant soit peu sur les conséquences incontestables qui en découlaient, les pharisiens le chassent de la synagogue.

C'est dans cette nouvelle condition que Jésus le cherche et le trouve, afin de se révéler à Lui. Tout lui vient du cœur du Christ. La puissance qui l'avait guéri n'était qu'un trait de l'amour qui pensait toujours à lui ; et dans la présence du Sauveur, il apprend pourquoi Jésus lui avait ouvert les yeux. Il pouvait boire à longs traits à cette grâce qui jaillissait du cœur du Fils de Dieu, qui lui dit: « Et tu l'as vu, et celui qui te parle, c'est lui. »

En repassant le récit merveilleux des voies du Seigneur dans ces deux cas remarquables, où Jésus se fait personnellement connaître à ceux qu'Il recherche, on s'étonne des richesses de la grâce qui s'y trouve. C'est en effet le cœur de Dieu qui s'ouvre en faveur de l'homme pécheur, en faveur de ceux que le monde même méprise et rejette comme indignes de ses compassions, le rebut de la société, des épaves morales que personne ne veut reconnaître.

Ah! que le cœur de Dieu est grand! Qu'il est grand envers vous, cher lecteur, envers moi, envers le monde qui n'a pas voulu de Lui. Ne l’entendez-vous pas parler dans l'intercession à tout jamais mémorable du Sauveur, alors que son propre peuple, d'accord avec ses chefs, a rendu publique son appréciation de sa personne, en le faisant condamner au supplice réservé aux plus vils criminels ? Quel autre cœur aurait songé à trouver cette excuse pour ses meurtriers : «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font? » Mais Dieu y avait pensé dès le commencement de l'histoire de son peuple rebelle, en pourvoyant les sacrifices pour des péchés d'ignorance (Lévitique 5; Nombres 15;22-29.) Et le grand sacrifice s'offrait alors; Jésus était venu faire toute la volonté de Dieu, volonté qui n'avait été que faiblement indiquée par les sacrifices offerts selon la loi.

Mais pourquoi l'ont-ils condamné ? Ils ne trouvaient rien contre Lui, rien dans sa doctrine ni dans son œuvre ; ils avaient beau chercher de faux témoins pour soutenir un semblant d'accusation : ceux-ci se confondaient, ne s'accordant pas entre eux. Ils ne trouvaient rien, si ce n'est sa propre confession qu'il était « le Christ, le Fils de Dieu » (Matthieu 26;63 ; Marc 14;61-62.) La vérité qui apportait la vie, le pardon, la consolation aux pécheurs qui en avaient besoin, était, entre les mains des principaux sacrificateurs et de tous les chefs du peuple, le « crime » pour lequel ils ont voulu obtenir contre Jésus le supplice de la croix. C'est pour cela qu'ils ont fait intervenir l'autorité du gouverneur à des heures où jamais la cour n'avait l'habitude de s'assembler, afin de consommer, le jour même, l'iniquité qu'ils avaient tramé en grand conseil la nuit précédente. Pensez-y ! Et ils ont bien eu soin d'exécuter deux malfaiteurs en même temps, pour mettre le comble à l'outrage fait au Fils de Dieu.

Tel est l'homme! Et ne pouvons-nous pas ajouter: telle est la grâce de Dieu. Au moment où les hommes déversent sur la personne du Sauveur toute la haine contre Dieu dont leur cœur est rempli, Dieu prépare le grand sacrifice, par lequel Il peut en justice octroyer le pardon au coupable. Le Christ est là pour le faire, en s'offrant Lui-même, accomplissant ainsi tout ce qui avait été dit de Lui à cet égard dans les Écritures, le Fils de Dieu est là, révélant le Père que personne sauf Lui ne connaissait.

Puis vient la réflexion: Pourquoi Dieu, le Père, l'a-t-Il ainsi voulu ? Le Seigneur fournit la réponse à la femme samaritaine, en lui disant que le Père cherche « de vrais adorateurs. » Où les cherche-t-Il ? Non pas parmi les anges, mais ici-bas, au sein de ces «ténèbres », où « la vraie lumière » a resplendi (Jean 1;5, 9.) Cette lumière est la lumière « des hommes. » Elle a luit dans ce monde. C'est « la Parole devenue chair » qui habita pendant quelque temps « au milieu de nous », pleine de grâce et de vérité; c'est Jésus, qui a dit: « Moi, je suis la lumière du monde; celui qui me suit ne marchera point dans les ténèbres, mais il aura la lumière de la vie » (Jean 8;12.) La gloire qui resplendit de Lui, c'est la gloire d'un « fils unique de la part du Père » ; c'est-à-dire, qu'en la contemplant, on y constate cette relation merveilleuse et personnelle avec Dieu, dont Il est, Lui, l'expression parfaite. Il est écrit: «Personne ne vit jamais Dieu; le Fils unique, qui est dans le sein du Père, lui, l'a fait connaître. » Il le fait connaître de telle manière que ceux qui l'écoutent participent à la même relation avec le Père, comme le Seigneur l'a exprimé à la fin de son séjour ici-bas : « Je monte vers mon Père et votre Père, et vers mon Dieu et votre Dieu» (Jean 1;18 ; 20;17.) Dans ce sens, Il appelle ses disciples « frères », après avoir opéré cette œuvre de rédemption sans laquelle personne n'eût pu avoir part avec Lui. Pour cela, il fallait qu'Il passât par la mort, en devenant l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde (Jean 1;29 ; 12;24.) Ce n'est qu'à ce prix-là qu'un pécheur peut devenir enfant de Dieu ; et nous sommes tous pécheurs. Ce sont des pécheurs qu'Il est venu chercher (Matthieu 9;13.) Cela explique pourquoi Jésus a parlé de ces choses à la femme samaritaine plutôt qu'à Nicodème le savant « docteur d'Israël. »

Avons-nous bien considéré ces deux choses : l'étendue de la relation avec Dieu dans laquelle le Fils nous fait entrer, puis la grandeur du sacrifice qui seul rend cette relation possible pour des pécheurs ? L'apôtre Paul en parlant des Israélites qui étaient dans la position de serviteurs sous la loi, et qui ne connaissaient nullement ce que c'était que d'être « enfants de Dieu », rappelle le grand fait que «quand l'accomplissement du temps est venu, Dieu a envoyé son Fils, né de femme, né sous la loi, afin qu'il rachetât ceux qui étaient sous la loi, afin que nous reçussions l'adoption » (Galates 4;4-5.)

Dieu, avait toujours pris soin de son ancien peuple Israël à travers les âges, malgré la déclaration de Moïse : « Vous avez été rebelles à l'Éternel depuis le jour que je vous ai connus » (Deutéronome 9;24.) Dieu n'avait pas démenti sa fidélité, les conduisant toujours par l'intelligence de ses mains (Psaumes 73;72.) Toutefois, Il ne leur avait jamais parlé d'une relation personnelle, individuelle, avec Lui-même. Et qui pouvait annoncer une telle relation si ce n'est le Fils de Dieu lui-même ? Qui, sauf Lui, pouvait dire: « Mon Père et votre Père? »

On le voit, n'est-ce pas, tout dépend de l'arrivée du Fils dans ce monde. Lui seul pouvait dire à Dieu: « Abba, Père » ; et pour que nous le disions, il est de toute nécessité que nous ayons communion avec Lui, communion basée sur la perfection de son sacrifice, scellée par le sang qui purifie de tout péché. Suivant ses propres paroles ; il faut manger sa chair, boire son sang (Jean 6;, 53, 57.) C'est-à-dire, il est nécessaire que nous soyons nourris spirituellement de sa mort, par laquelle seule cette relation est acquise; et que toutes 1es énergies et les affections de l'âme soient concentrées sur Celui qui seul peut nous faire connaître le Père et garder nos cœurs dans la sainteté : « Comme le Père qui est vivant m'a envoyé, et que moi, je vis à cause du Père, de même celui qui me mangera, celui-là aussi vivra à cause de moi... » Telles sont ses paroles, qui peuvent nous paraître très mystérieuses; mais Dieu en fait une réalité pour ceux qui écoutent sa voix.

Puis, ne l'oublions pas, après avoir accompli l’œuvre de la rédemption, Jésus est remonté auprès du Père (Jean 14;28) ; ensuite, Il a envoyé le Saint-Esprit ici-bas, afin qu'Il prît ce qui était à Lui et qu'Il nous l'annonçât. Or, ce n'est que par le Saint-Esprit que nous pouvons crier: « Abba, Père » (Galates 4; 6.) Jésus a dit: « Tout ce qu'a le Père est à moi; c'est pourquoi j'ai dit qu'il prend du mien et qu'il vous l'annoncera » (Jean 16;7-16.) C'est pour cela aussi que le Sauveur disait à ses disciples dans le deuil à la pensée qu'Il allait s'en aller d'avec eux: « Il vous est avantageux que moi je m'en aille; car si je ne m'en vais, le Consolateur ne viendra pas à vous; mais si je m'en vais je vous l'enverrai. » Mais Il ne pouvait les laisser sans leur donner aussi l'assurance que Lui-même viendrait bientôt: «Je vous reverrai, et votre cœur se réjouira » (Jean 16;22.)

L’une des premières choses que Satan a cherché à ravir aux chrétiens, c'est la connaissance d'une relation personnelle avec le Père, et aussi le retour personnel de Jésus et qui et par qui seul cette relation peut être connue et établie. La conséquence en a été que le culte que le Père cherche et qui ne peut être rendu que par ceux qui le connaissent tel, c'est-à-dire comme leur Père à eux, a été remplacé par un culte formaliste, arrangé en partie sur le modèle de la loi et adapté à un temps où la relation dont nous parlons ne fut pas révélée et, par conséquent, ne pouvait être connue. C'était ce qui faisait pleurer l'apôtre Paul, lorsqu'il écrivait aux Galates; et combien les raisonnements et les inventions des hommes ont augmenté depuis, de manière à effacer les souvenirs de ce que Jésus et les apôtres nous ont révélé!

On demandera: Que puis-je faire pour résister aux entraînements des rites établis ? Pris comme nous le sommes par les coutumes que l'on accepte sans discussion, parce qu'on a été élevé dans ce milieu, habitués à suivre une religion de circonstance qui ne dépend nullement d'une relation personnelle avec Dieu, nous nous trouvons plus ou moins dans la position du docteur d'Israël qui était si surpris d'entendre qu'il faut être « né de nouveau» (Jean 3.)

Aussi longtemps que nous croyons pouvoir faire quelque chose par nous-mêmes, nous avons tout à apprendre quant au culte chrétien. En tout premier lieu, il faut être dans la relation avec le Père, une relation établie et connue. Pour cela nous n'avons rien à faire si ce n’est de recevoir le F'ils, de croire en Lui.

Le Fils seul peut nous dire ce qu'est le Père pour Lui. Le Fils seul a opéré l'expiation des péchés en en portant le jugement dans son propre corps sur le bois. Du moment que l'on écoute sa parole, on a la vie éternelle (Jean 5; 24, 25.) « Il vint chez soi, et les siens ne l'ont pas reçu; mais à tous ceux qui l'ont reçu, Il leur a donné le droit d'être enfants de Dieu, savoir à ceux qui croient en son nom, lesquels sont... nés de Dieu » (Jean 1;12-13.)

Telle est la déclaration formelle des Écritures. Voilà pourquoi ces choses sont révélées par le Seigneur à la femme samaritaine, et la connaissance personnelle du F'ils de Dieu est donnée à l'aveugle-né après qu’il avait été chassé de la synagogue. La synagogue représentait le culte juif fondé sur une loi qui portait avec elle la condamnation de mort pour tout pécheur. Le culte chrétien dépend de Celui qui est la vie, qui nous communique la vie éternelle, et qui veut que chacun de nous puisse saisir la parole qui réjouit tant le cœur de l'aveugle-né : « Celui qui te parle, c'est lui.» L'entendant, il adora Jésus!

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Auteur inconnu

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